L'éruption

Trajectoire du nuage de fumée de l'Eyjafjoll :

       Il existe différents types d'éruption.

    Les volcans appartenant au type "strombolien" présentent des explosions rythmiques avec parfois des coulées de lave fluide avec des projections d'altitude modeste. C'est une activité effusive et explosive.

    Les volcans de type "péléen" sont caractérisés par la présence de lave pâteuse qui forme un bouchon sur le cratère. Celui-ci, lors d'une éruption, se fissure puis explose sous la pression et forme des nuées ardentes.

     Le type "plinien" désigne les volcans qui génèrent lors de leur éruption des explosions cataclysmiques entraînant un panache de cendres en forme de pin parasol qui diffère d'une nuée ardente.

      Le type "hawaïen" est caractérisé par des écoulements de lave fluide et de larges cratères.  C'est une activité effusive. La lave est expulsée en fontaine, puis se répand en coulées rapides et peu épaisses sur de grandes surfaces. Ces fontaines crachent la lave à des dizaines ou des centaines de mètres de haut.

     Notre volcan, l'Eyjafjöll, est du type fissural hawaiën pour la première phase. En effet, on a observé des épanchements de lave qui, en refroidissant, donnent des basaltes de plateau. Mais qu'en est-il de la deuxième phase ? Nous détaillerons ici les deux phases de l'éruption.

     Le volcan Eyjafjöll qui était endormi depuis 190 ans s'est brutalement éveillé le 20 mars 2010. Il a connu deux éruptions historiques en 1612 et en 1821. Cependant, les premiers signes d'activités ont débuté en avril 2009 : on a alors enregistré des séismes à 20/25 km de profondeur sous le glacier Eyjafjallajökull. Suite à cette sismicité, il y a eu une période de calme jusqu'au gonflement du volcan en fin décembre 2009.

    L'éruption de 2010 d'Eyjafjöll a connu deux phases distinctes entrecoupées par deux jours d’inactivité les 13 et 14 avril 2010. Suite à cette coupure d'activité, la chimie du magma a été totalement modifiée.

     La première phase concerne l'éruption qui s'est produite du 20 mars au 12 avril au niveau d'un évent excentré , le Fimmvurduhals, entre les volcans Eyjafjöll et Katla. L’activité volcanique peut être de deux sortes : effusive ou explosive. Ici, l'éruption est effussive fissurale.

     Elle s'est déroulée à 1 100 m d'altitude, par une fissure de 800 mètres de long : des jets de lave se sont élevés à plus de 200 mètres de hauteur, accompagnés par une activité effusive où le magma atteint une température de plus de 1 000 °C.

     Dans la nuit du 22 au 23 mars, la rencontre du magma, qui remonte le long de la fissure, et du glacier Eyjafjallajökull qui la recouvre a entraîné une explosion. Elle a produit des coulées de lave fluide aux conséquences mineures pour l’île et nulles pour l’Europe. Ces coulées ont atteint une superficie totale d'environ 1,3 kilomètres carrés sur une épaisseur moyenne de 10 à 20 m. Cette première phase émet un magma basaltique à olivine de teneur 47% en silice. Les magmas pauvres en silice sont généralement fluide et permettent aux gaz contenus dans ceux-ci de facilement s'échapper. Cette composition suggère que le magma de l'éruption est d'origine profonde.

     Le 27 mars, les coulées de lave se sont écoulées dans le canyon Hvannárgil et une cascade de lave de 100 mètres s'est formée. Cet évènement a poussé les autorités locales à fermer la route qui mène à la vallée de Thórsmörk.

Éruption fissurale d'Eyjafjöll :

     L'éruption d'Eyjafjöll suscite l'inquiétude : elle pourrait déclencher l'éruption d'un volcan voisin, le Katla. Or, celui-ci à la réputation d'être un des volcans les plus dangereux d'Islande. Il possède un réservoir magmatique permanent et une moyenne de deux éruptions par siècle. Caché sous le glacier Myrdalsjökull dans le Sud de l'île, le Katla était entré en éruption en 1918 pour la dernière fois.

     La composition basaltique du magma émit lors de la première phase de l'éruption d'Eyjafjöll est semblable aux basaltes du volcan Katla ce qui renforce l'hypothèse d'un couplage entre les systèmes magmatiques.

      Cette phase comporte des risques dont les émanations toxiques, les inondations et les coulées de boues dues à la fonte du glacier et au panache peuvent engendrer une perturbation du trafic aérien.

    La seconde phase concerne l'éruption ayant débuté le 14 avril. Cette phase est beaucoup plus explosive et violente que la précédente. L'Eyjafjöll entre en éruption et émet un important volume de gaz, de cendres et de scories sous la forme d'un panache volcanique. Cette explosivité est due au contact entre la lave à plus de 1 000 °C et le glacier surplombant l'Eyjafjöll. Il se produit un choc thermique important et la glace s'évapore instantanément, d'où  le  panache.

     L'éruption s'est produite cette fois-ci au niveau du cratère principal. Suite à l'éruption, la roche est fragmentée au niveau du cratère et de fines particules sont expulsées jusqu'à 10 km d'altitude. L'autre facteur provoquant l'explosivité de cette éruption est la forte teneur en silice du magma (58% de silice). L'éruption est donc riche en gaz, en téphras et en pyroclastes. Le panache est constitué de 4 000 kilotonnes d'eau et de glace regroupées en gouttelettes. Le magma est acide, de type trachyandésite.

     C'est lors de cette deuxième phase que va commencer la perturbation du trafic aérien européen, à cause du panache volcanique. Cependant, à partir du 18 avril, la hauteur du panache a diminué et par conséquent le débit de l'éruption aussi. Grâce à l'observation du panache, les volcanologues ont pu voir de nombreux éclairs au dessus du volcan. Ces éclairs sont dus à la forte charge électrique des cendres.

     A partir du 21 avril, le panache ne s'élève plus qu'à 4 km de haut. L'activité de la deuxième phase a donc été la plus violente durant les 3 premiers jours. 

     L'éruption s'est achevé le 27 octobre 2010.

    Voici une vidéo montrant une partie de l'éruption d'Eyjajföll.